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Grand écumeur de soirées endiablées, Benjamin Dubreuil (« Ben » ou « Benji » pour les intimes) est en vérité issu d’un milieu assez contrasté.
Son père est garagiste, sa mère assistante en parfumerie. Si l’on en croit l’histoire familiale, ils se sont rencontrés dans une circonstance digne d’un cliché de série télévisée, la voiture de la jeune femme tombant en panne à une centaine de mètres du garage en question… Les enfants Dubreuil soupçonnent d’ailleurs leurs parents d’avoir eux-mêmes romancé cet épisode, trop simpliste pour être crédible, afin de masquer qu’ils ont en fait noué leur premier contact via les services d’une agence matrimoniale. Cette hypothèse n’a cependant jamais été prouvée.
Quoi qu’il en soit, Fernand Dubreuil, mécanicien automobile qui a monté tant bien que mal sa petite affaire au fin fond des Ardennes, a épousé Alice Noëls, dont il aura deux enfants, Lorraine et Benjamin. Mais le couple a rapidement battu de l’aile, et aurait semble-t-il très vite convenu, en donnant le change, de ne rester soudé que le temps nécessaire à ce que les bambins se construisent. Ceux-ci n’ont jamais vraiment été dupes, les nombreuses disputes de leurs parents les ayant poussés à passer presque tous les week-ends chez leurs grands-parents, tantôt dans la branche maternelle (chez les Noëls, d’anciens fonctionnaires au mode de vie très citadin), tantôt dans la branche paternelle (chez les Dubreuil, courageux agriculteurs exploitant une ferme dans la région de Bertrix). Ils ont ainsi connu des ambiances pour le moins variées, et entendu des sons de cloche bien différents avec lesquels il n’a pas toujours été facile pour eux de composer. Octave Dubreuil, le grand-père paternel, n’a d’ailleurs jamais été tendre avec sa belle-fille, la considérant comme une pimbêche dont les sens délicats se seraient lassés un peu vite des mains trempées de cambouis de son mari. Les enfants grandissant, Fernand et Alice ont continué à mener une vie de couple incertaine, entre volonté d’indépendance et souci de commodité matérielle. A l’heure actuelle, ils n’ont toujours pas divorcé. La sincérité de leur sentiment est sujette à caution, mais les éclats de voix ont en tout cas cessé depuis belle lurette.
Là où Lorraine, la fille aînée, a souvent montré un caractère peu conciliant, Benjamin, cadet d’environ un an et demi, a toujours révélé un côté sociable, nouant facilement des contacts. Elève sans souci particulier à l’école, il était déjà un grand animateur des cours de récréation, comme il sera à l’initiative de nombreuses activités estudiantines dans son institut supérieur, où il sera notamment président de cercle. Il y a, tout comme sa soeur, suivi une filière en gestion commerciale, et décrochera aussi son diplôme, avec à peine un peu moins de mentions qu’elle. Il en fera cependant un tout autre usage. Si Lorraine, dans un individualisme féroce, a de son côté très vite trouvé sa voie dans le monde de l’entreprise, Benjamin, pour sa part, navigue sans cesse de petit boulot en petit boulot, sans véritablement valoriser sa formation. Sans qu’il soit possible d’expliquer à chaque fois la nature de ses indécisions, il a ainsi souvent délaissé des opportunités professionnelles en or, préférant se rabattre sur des choix plus aléatoires. Cela lui a valu de ne jamais vraiment exploiter son bagage, ni son titre de gradué. Il a ainsi surtout travaillé dans le domaine de l’événement, voire de la nuit, son activité favorite étant celle de barman, où son sens de la fête peut s’exprimer plus librement. Mais il a aussi passé en revue nombre de postes de vendeur dans des vidéo-clubs, des magasins de Hi-Fi ou des épiceries.
Grand dragueur devant l’éternel, il a également accumulé un grand nombre de liaisons sans lendemain. On lui connaît notamment des aventures ponctuelles avec la très débridée Alexandra Tombacq, ainsi qu’avec toute une série de filles légères, qu’il séduit avec aisance, mais qu’aucune, bien sûr, ne retient. En revanche, il se console parfois mal de ne pas capter l’intérêt de demoiselles plus sérieuses, alors même qu’elles ont des exigences et des attentes, qui, justement, ne lui correspondent pas.
En vérité, ce garçon charismatique semble ne pas se contenter de sa part de succès. En amour comme dans la vie en général, il donne l’impression d’être né pour courir après l’inaccessible, rejetant rapidement sur le côté tout ce qu’il a la chance d’étreindre pour focaliser ses pensées sur ce qu’il n’a pas pu obtenir. Benjamin n’est jamais réellement parvenu à se débarrasser de ce paradoxe, qui fait partie de lui. Car où qu’il aille, quoi qu’il fasse, il y aura souvent quelqu’un pour lui rappeler que ce n’est pas dans son jardin que se trouve l’herbe la plus verte. Cette tendance à l’insatisfaction n’a en tout cas jamais entamé son caractère communicatif et tourné vers l’entrain, mais a peut-être renforcé, si pas causé, son indécision et son inconstance. Il ne faut probablement pas chercher beaucoup plus loin la raison de son manque de fixité sur le plan professionnel.
Benjamin, pourtant, a fait son chemin dans sa vie de bohême. C’est d’ailleurs en tant que barman (une fonction qu’il occupait déjà comme étudiant jobiste) qu’il a rencontré, à l’occasion de ces soirées qu’il affectionne, Nathalie et nombre de ceux qui allaient devenir ses meilleurs amis. Parmi ceux-ci, son plus grand complice est assurément Lionel Servais, pitre de la plus délirante espèce. L’un jouant de son image de séducteur, l’autre de son humour décapant, les deux comparses ont fait les quatre cent coups ensemble, et le récit de leurs frasques serait fastidieux, si pas impossible, à détailler. Il entretient également des jeux de connivence à moitié innocents avec la séductrice Kim Haï, mais sans que cela ait apparemment débouché sur quoi que ce soit de plus concret que de l’amitié.
En dehors de la « bande à Nat’ », Ben est aussi en contact régulier avec plusieurs amis de Valentine Lonsart (la cousine de Nathalie), dont Alexandra, déjà citée, et sa copine Lisa Mérieux, ainsi que Christophe Therssen et surtout le disc-jockey Stéphane Martin.
Sans être un véritable proche de son clan, il ne peut nier une certaine admiration pour le parcours de Walter Todesco, qui lui a parfois donné l’un ou l’autre coup de pouce, via ses contacts, pour des engagements ponctuels dans certains événements plus huppés.
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