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Le moins que l’on puisse dire au sujet de Carole Van Zand est qu’elle est née dans l’aisance. Son père, Théo Van Zand, a fait fortune depuis sa jeunesse grâce à l’ouverture, à Rotterdam, d’un magasin d’antiquités qui a rencontré un tel triomphe qu’il a disséminé plusieurs boutiques succursales à travers la Belgique et les Pays-Bas. Sa mère, Angèle Pernet, riche rentière ayant amassé plusieurs héritages colossaux, a encore fait fructifier son capital familial en investissant, via une entreprise spécialisée, dans la vente de matériel médical de pointe. Fille unique de ces deux parents aux énormes facilités financières, la petite Carole n’a jamais manqué de rien, et a connu une enfance dorée.
Celle-ci s’est principalement déroulée en Hainaut Occidental, région dans laquelle ses géniteurs se sont retirés au calme pour piloter tranquillement leurs affaires à distance et laisser à leurs délégués le soin de s’agiter pour eux. Carole est née plus précisément à Mouscron, bourgade aux dimensions humaines mais véritable carrefour entre la Wallonie, la Région Flamande et le Nord de la France. C’est ainsi que Carole fit une partie de ses études primaires au collège Don Bosco de Courtrai, où son père l’avait d’abord inscrite afin qu’elle s’initie plus facilement à la langue néerlandaise, avant de la replacer dans une filière exclusivement francophone, préférence de la petite.
Bonne élève sans être exagérément studieuse, mais curieuse de tout, Carole s’est principalement intéressée à l’art. Probablement en grande partie grâce à son père antiquaire, bien que ce soit les tableaux, en particulier de style contemporain, plus que les meubles et les bibelots, qui aient retenu son attention. Ainsi, à l’occasion de ses dix-huit ans, alors qu’elle s’apprêtait seulement à sortir de l’école secondaire, ses parents s’empressèrent de lui offrir, comme cadeau d’anniversaire et pour fêter sa majorité, sa propre galerie d’art… Elle reçut ainsi tout à la fois les infrastructures nécessaires et une nouvelle somme rondelette destinée à financer les expositions et vernissages des artistes qu’elle choisirait, et dont beaucoup lui sont d’ailleurs amenés par les relations parentales.
De cet exceptionnel confort matériel dans lequel elle baigne depuis sa plus tendre enfance, Carole, fort heureusement, n’a jamais retiré ni arrogance, ni excessive exigence. Au contraire, même, élevée en bonne intelligence, elle a toujours fait montre d’un naturel affable, spontané et empreint d’une grande simplicité. Drôle et pleine d’humour, elle a d’ailleurs pour habitude de profiter de tous les petits plaisirs de la vie, à commencer par les moins sophistiqués. L’épaisseur de son portefeuille ne lui a donc pas ôté la capacité de savourer les vraies valeurs de l’existence. En revanche, tant de facilité a fini par induire chez elle une certaine insouciance.
Ayant ce grand luxe de ne pas devoir se préoccuper de ses dépenses, Carole accuse souvent une prodigalité un peu candide, et est généralement vue comme un panier percé aux inépuisables ressources. Grande adepte du shopping en toute saison et en toute circonstance, férue de loisirs divers et parfois excentrique dans ses achats, Carole ne regarde pas à ses sorties d’argent. Elle est également, envers les autres, d’une grande générosité, et n’hésite pas à faire profiter ses proches de certaines largesses financières. Elle n’a pourtant rien d’une flambeuse pour la frime, en témoigne son caractère franc. Et s’il lui arrive de faire étalage de la capacité de son compte en banque, elle ne le fait jamais consciemment. Elle est même plutôt systématiquement animée de bonnes intentions pour son entourage, et est adorée par ses proches (à commencer par Diane et Walter), qui n’hésitent pas à dire qu’elle a un cœur « gros comme ça ». Cette remarque est loin de ne viser que l’aspect pécuniaire de ses attentions et concerne l’ensemble de sa personnalité.
Prolongement de son tempérament, Carole est aussi une grande distraite, ce qui n’améliore pas ses performances de gestionnaire. Elle administre d’ailleurs sa fameuse galerie d’art avec une grande désinvolture, considérant sa fonction davantage comme une passion et un amusement que comme une véritable activité professionnelle axée sur la rentabilité. Certains, en fait, sont d’avis que ses préférences artistiques relèvent d’un goût assez particulier, mais Carole, à vrai dire, n’en a cure.
Depuis de nombreuses années, l’imprévoyante Carole Van Zand entretient une grande amitié avec Diane Tulli, une jeune fille aux priorités nettement plus structurées. Elles ont lié connaissance en 1994, lorsque le père de Carole a fait par hasard l’acquisition d’un moulin à café d’antiquité auprès d’un torréfacteur nommé Mirko Tulli, précisément le grand-père de Diane. Carole avait douze ans, sa nouvelle amie dix. A partir de ce moment, les deux copines ont développé une remarquable relation de confiance mutuelle. Très différentes sur le plan des caractères, elles se sont aussi découvert des points communs, comme par exemple un grand intérêt pour l’art et la peinture, même si leurs goûts respectifs divergent énormément en la matière… On peut considérer que leur complicité s’est nourrie d’une certaine forme de complémentarité, Diane étant néanmoins souvent considérée comme la meneuse, car plus responsable et déterminée, bien que deux ans plus jeune. Mais le plus important est que derrière leurs dissemblances, Carole et Diane ont toujours su qu’elles pouvaient compter l’une sur l’autre.
C’est ainsi en tant que grande amie de Diane, qui est devenue la compagne de Walter, que Carole est entrée en contact avec les Todesco, et a pu en quelque sorte faire partie de leur cercle. Elle y est d’ailleurs très appréciée, tant pour sa bonne humeur que pour ses qualités humaines. Car derrière sa spontanéité parfois excessive, Carole est néanmoins une fille sensée, son côté tête en l’air et apparemment indolent n’enlevant rien à sa vivacité d’esprit. Son humour très réactif en est une preuve parmi d’autres.
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