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Jeune belgo-vietnamienne au charisme peu commun, Kim Hai est également dotée, jusque dans ses origines et dans les événements qui ont précédé sa conception, d’une histoire assez romanesque qui ajoute encore à son aura naturelle.
Sa mère, ayant pour nom Muriel Solys, est un médecin réputé originaire de Bruxelles. Sortie docteur de l’université en 1971, elle a exercé quelques temps en hôpital et en cabinet avant de s’engager, très sensible à la cause humanitaire, auprès de Médecins Sans Frontières. Suite à la guerre du Vietnam, qui vient juste de s’achever, elle fait ainsi partie des tout premiers envoyés dans le pays, en 1975. Son action sur place avec ses collègues et les rapports qui en résultent serviront d’ailleurs plus tard de base à la préparation de la célèbre opération « Un Bateau pour le Vietnam ». Celle-ci fera l’objet de nombreuses divergences au sein de l’association, mais le navire « L’Île de Lumière » permettra néanmoins de sauver plusieurs milliers de boat-people.
Dans le cadre de son action sanitaire au Vietnam en collaboration avec les structures locales, Muriel Solys rencontre Hai Phu Van Huyen, médecin spécialisé en chirurgie. Leur remarquable histoire d’amour donne naissance, fin 1979, à Hai Thi Tran Kim-Lien (son nom vietnamien). « Kim » voit ainsi le jour à Can Tho, ville située au centre du delta du Mékong, et où est implantée l’université de médecine pour laquelle travaille son père. Elle grandit ainsi dans le contexte parfois difficile d’un pays qui panse toujours ses plaies après le conflit et qui se débat dans le régime communiste imposé par la victoire du Nord, mais elle est surtout entourée par l’affection inconditionnelle et le dévouement de ses géniteurs. Elevée dans le bilinguisme français-vietnamien, elle s’initie à la culture locale et passe beaucoup de temps avec ses grands-parents paternels, résidant pour leur part à Phan Thiet, ancienne ville de pêche renommée pour ses saumures de poisson.
Début 1988, Muriel Solys est rappelée pour coordonner plusieurs projets menés par MSF Belgique, et entreprend de rentrer définitivement dans le plat pays. Son compagnon, qui souhaite parfaire sa spécialisation au contact des techniques européennes, et sa petite fille l’y accompagnent, acceptant le déracinement. Bien qu’il ait lui aussi appris le français et qu’il parvienne rapidement à exercer à Bruxelles, le père de Kim vit une acclimatation difficile. Le couple, par ailleurs absorbé par les responsabilités professionnelles, va vivoter quelques années avant que Hai Phu Van Huyen décide de rentrer au Vietnam en 1993. Le sentiment étant plus fort que tous les obstacles, il reviendra en Belgique trois années plus tard, juste avant les dix-sept ans de sa fille.
L’intégration de la petite Kim (dont le nom complet s’est en effet francisé en Kim Hai) s’était quant à elle réalisée avec davantage de rapidité. Ayant pu intégrer la logique du monde occidental et faire fi des soucis temporaires de ses parents, la fillette s’est tôt juré de se frayer son chemin avec indépendance. Sa grande vivacité d’esprit et son quotient intellectuel élevé la prédisposaient à des grandes études et à une brillante carrière ; enfant précoce pour ne pas dire surdouée, elle fera honneur à cette prévision légitime, rentrant à l’université avec deux ans d’avance, et devenant plus tard une jeune avocate redoutable spécialisée dans les divorces, où elle prendra un malin plaisir à décortiquer les affaires les plus croustillantes. Kim nourrit en effet une certaine causticité par rapport aux entreprises de couple et aux grands sentiments, et ce en dépit du parcours plutôt romantique de ses parents. La vérité est que dès son adolescence, Kim s’est rendu compte que le charme (et particulièrement le sien) représentait une forme de puissance inégalable. Il n’en fallait pas plus pour qu’elle en fasse l’une de ses marques de fabrique. Consciente d’évoluer dans un monde où l’apparence est reine, elle n’attend rien d’exceptionnellement spirituel de ses relations et préfère profiter de sa liberté sans attache sérieuse, tout en mettant en valeur son pouvoir de séduction.
Supérieurement intelligente et extrêmement confiante en ses moyens comme en l’attrait qu’elle inspire aux autres, elle est persuadée, probablement à raison, que rien ni personne ne peut lui résister. Elle ne commet cependant pas l’erreur de se montrer hautaine, et développe au contraire une personnalité rieuse, sympathique et profiteuse de la vie. Ayant nettement plus de confiance dans les valeurs de la camaraderie que dans celles de l’amour, Kim compte d’ailleurs des amies très sincères.
La première est sans nul doute la Munichoise Judith Grabsch, immigrée comme elle et qui fut sa voisine lorsqu’elle arriva d’Allemagne en Belgique. Leur complicité est assez amusante, Judith étant d’un naturel inquiet, pudique et moralisateur qui tranche assez avec l’assurance presque insolente de Kim. Quoi qu’il en soit, elles se sont beaucoup apporté l’une à l’autre depuis leur rencontre, et leurs confidences sont aussi précieuses que savoureuses.
Kim a aussi noué, à l’université, des liens particuliers d’amitié avec deux étudiantes ‘bleuettes’ de la faculté de droit qu’elle a prises sous son aile en tant que marraine de baptême, Vicky D’Hollander (la plus studieuse) et Alexandra Tombacq (la plus fo-folle)… C’est d’ailleurs par leur intermédiaire que Kim et Judith sont entrées en contact avec les cousines Lonsart, Valentine et surtout Nathalie. Alexandra, qui accusait déjà elle-même un tempérament particulièrement débridé, a d’ailleurs véritablement pris en modèle le caractère libre et indépendant de la belle Eurasienne.
Professionnellement, Kim s’est déjà construit une solide réputation. Au barreau, elle fait figure d’adversaire à ne pas rencontrer, tant son efficacité est diabolique. Elle maîtrise à merveille l’atmosphère des palais de justice, et son charisme se combine avec une connaissance encyclopédique et minutieuse de tous les détails de lois et de procédure. Volontaire et sachant garder la tête froide, elle adore également jouer avec les apparences pour ne pas dévoiler son propre jeu, et sa classe naturelle est dans ce domaine un atout majeur.
Provocante dans son franc-parler et séductrice naturelle dans l’attitude, Kim est souvent jugée femme fatale, voire manipulatrice. En réalité, elle intimide par son côté énigmatique et se complaît volontiers dans cette image d’épicurienne et de sex-symbol aux allures faussement détachées. La fascination qu’elle exerce sur beaucoup la rend plus difficile encore à cerner, ce qui lui donne une longueur d’avance en tout ce qu’elle entreprend. Enfant devant en partie sa naissance à la guerre, Kim voit souvent la vie comme un rapport de forces, et agit en toute chose comme une stratège, cherchant à donner le moins d’informations possibles sur elle pour mieux dominer chaque situation.
Le temps faisant, elle se découvrira un certain nombre de convergences d’intérêts et d’affinités avec le clan de Walter Todesco, pour qui elle a de l’estime en raison de la manière avec laquelle il a mené son succès.
Dès qu’elle en a l’occasion, Kim aime revenir en vacances dans son pays natal, rendre visite à ses grands-parents et se replonger l’espace d’un temps dans ses souvenirs de petite enfance. Elle se plaît alors à reparcourir les canaux de Can Tho et les somptueuses dunes de sable des plages de Phan Thiet.
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