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Pierre Agoplan, que tout le monde ou presque surnomme « Gop’ », est le petit ami de Marion Paulus.
Monument de patience et de tranquillité, ce garçon est lui aussi, à sa façon, un fameux personnage. Il possède énormément d’humour et ne perd jamais une occasion de s’amuser, voyant la vie avec le sourire et une ostensible volonté de ne pas compliquer les choses. La simplicité et l’intégrité sont chez lui une marque de fabrique, et s’il est effectivement un amateur de grands débats, il ne coupe jamais les cheveux en quatre, et préférera toujours la ligne droite aux chemins tortueux. Bien que son métier de comptable conforte son sens de la précision, il comporte aussi un aspect austère avec lequel Pierre se plaît à contraster dans sa vie privée, où son entrain et sa jovialité en font un camarade très apprécié. Plus encore, il est d’une décontraction absolue, au point qu’il donne parfois l’impression de tout laisser glisser sur sa carapace. Par beaucoup de facettes, son histoire personnelle donne cette même impression d’une étale sérénité.
Pierre est né en janvier 1977 à Bruxelles. Ses parents, Dimitri Agoplan et Valérie Mestdagh, deux collègues de bureau dans une société d’import-export de la capitale, se sont mariés en 1974 et forment toujours un couple harmonieux. Trois ans après la naissance du petit Pierre, ils auront un second fils prénommé Romain.
L’origine du patronyme « Agoplan », celui de la branche paternelle de la famille, est encore sujet, semble-t-il, à interrogations diverses. Il n’est pas impossible qu’il provienne d’une lointaine racine arménienne et d’une déformation, survenue à un certain moment, du nom « Agopian ». Mais il ne s’agit en réalité que d’une hypothèse, qui, en l’occurrence, n’a pas pu être vérifiée. Pierre, Romain et leurs ascendants sont en tous les cas des natifs de la Région Bruxelloise depuis bien longtemps.
Petit garçon éveillé, Pierre s’est ouvert au monde en développant une qualité qui allait devenir un des piliers de sa personnalité : l’écoute. Très attentif aux conseils de ses parents, mais aussi rapidement concerné par leurs préoccupations et par son environnement en général, il a pris conscience de la complexité de la société dans son ensemble. Sans avoir jamais eu l’étoffe d’un meneur, il a par contre, dès l’école gardienne, souvent tenu un surprenant rôle de conciliateur afin de prévenir nombre de bagarres de bacs à sable dans la cour de récréation. Avec ce sens inné de la diplomatie, il était presque normal que l’adolescent qu’il allait devenir s’intéresse d’abord à la politique. La Belgique, terre de contrastes et de compromis par excellence, lui offrait en effet un magnifique exemple de diversité. Il en vint pourtant à abandonner cette idée, vraisemblablement pour deux raisons. Premièrement, sa lucidité quant à une absence chez lui de leadership, due non pas à un déficit de charisme, mais à une large propension à la prudence, qui le pousse à des actions toujours très (trop diront certains) mesurées. Deuxièmement, une réticence tenace face à l’utopie, qui lui a conseillé d’éviter les désillusions. Pierre a préféré continuer à œuvrer dans son petit microcosme et laisser sur le bord du chemin de plus grandes ambitions. Il était déjà bien trop philosophe que pour le regretter.
Bardé de son esprit logique et cartésien, Pierre s’est donc plutôt tourné vers les mathématiques et la tranquille certitude des chiffres. Statistiques, pourcentages, carrés d’hypoténuse, résolutions d’équations et compas tournant bien rond ont ainsi rythmé la fin de ses études secondaires, avant qu’il ne prolonge son cursus dans la comptabilité. Il fut d’abord employé pendant deux ans par une coopérative à Saint-Gilles, puis trouva un poste à plus haute responsabilité dans une société fiduciaire établie à Anvers, où il exerce toujours. Il est bilingue et le fait de travailler en Flandre ne lui pose aucune difficulté. Les déplacements sont en revanche un rien plus contraignants, Pierre ayant emménagé à Molenbeek-Saint-Jean avec sa petite amie, Marion Paulus, jeune fille sensible et parfois un peu nerveuse.
Pierre gère d’ailleurs les humeurs changeantes de sa compagne avec un calme admirable. Il est capable de la comprendre autant qu’il a la personnalité suffisante pour lui tenir tête, et l’humour nécessaire pour la désarmer. Leur couple ressemble parfois à une opposition de styles mais il parvient à éviter les tumultes. C’est par l’entremise de Marion que Pierre est devenu également un ami de Nathalie Lonsart et de ses acolytes. Tous ceux de la bande ont beaucoup d’estime pour sa « coolitude » et son absence de chichi, de même que pour sa qualité de conversation, Pierre s’intéressant à tout avec sincérité et aimant la discussion sur les thèmes les plus variés.
En 1999, son frère Romain fit ce qu’il est commun d’appeler un « coming-out », et révéla à sa famille son homosexualité au terme d’un repas qui prit des allures assez solennelles. A coup sûr, Pierre contribua de façon décisive à la dédramatisation du sujet, en trouvant les paroles justes en termes de tolérance et de respect du bonheur d’autrui. C’est en grande partie grâce à son intervention que ses parents ont bien intégré cette nouvelle donnée, et soutiennent sans le moindre sentiment de stigmatisation le parcours de leur fils cadet.
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