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Valentine et les Autres> Vincent Therssen

Né le 10 janvier 1977 à Bruxelles (Belgique)

Fils de Roland Therssen et d’Hélène Preux

Vincent est le frère jumeau de Christophe Therssen, dont il est le cadet d’à peine quatre minutes. Liés par le sang, les gènes et une similitude absolue sur le plan de l’apparence, Vincent et Christophe se révèleront des opposés extrêmes quant à leurs caractères et leurs parcours respectifs.

Ils ont pourtant reçu une éducation similaire, qui leur a été dispensée en grande partie par leurs grands-parents paternels. Leurs père et mère, en effet, se sont souvent trouvés absents, ou accaparés par leurs activités. Roland Therssen, scientifique spécialisé en biochimie moléculaire, a toujours été passionné, pour ne pas dire obnubilé par son métier. Jovial, conciliant et un peu naïf, il a encore été encouragé (manipulé diront certains) dans une escalade vers l’ambition par son épouse, Hélène Preux, qui s’est longtemps occupée d’un club de bridge, mais qui nourrissait de grandes envies de reconnaissance. Probablement a-t-elle voulu, quelque part, les assouvir à travers son mari. Celui-ci a alors multiplié les voyages à l’étranger, les séminaires, les collaborations avec des confrères éminents ; il s’est lancé dans l’écriture de plusieurs livres et s’est investi, à l’approche de la quarantaine, dans la présentation d’une thèse de doctorat qui lui prendra plusieurs années. Sa femme l’accompagnant dans tous ses déplacements, les conjoints se sont ainsi quelque peu détachés de la réalité parentale, et les deux enfants ont fait une grande partie de leur chemin sous l’égide de leurs grands-parents. Ils ont grandi dans la commune bruxelloise d’Evere, à proximité du parc du Doolegt.
Dans ce contexte, il apparaît que Vincent a plutôt bien vécu la situation et s’est tôt fait une raison de cette réalité familiale, au contraire de son frère, qui a en a souffert davantage. C’est que depuis le début, peut-être au travers d’une recherche effrénée de leur propre identité, les jumeaux ont montré leurs divergences, des détails les plus insignifiants au plus grandes lignes de leur comportement. Leurs trajectoires allaient fortement s’en ressentir.

Vincent est supporter de longue date du Sporting d’Anderlecht alors que Christophe a toujours soutenu le RWDM. Seule la Chaussée de Ninove sépare les territoires des deux clubs. Mais derrière cette anecdote purement symbolique, entre les deux frères, c’est un monde qui allait s’installer.

Chris, le malchanceux, est un garçon sensible, mais surtout d’un naturel profondément pessimiste, et qui a souvent vu sa vie comme une succession de déboires. Très peu dynamique, sa seule entreprise d’importance fut de tenter une carrière artistique en devenant photographe, et elle a vite pris la forme d’une galère. Accumulant la poisse à ses basques, il n’a jamais pu décoller dans la profession, victime de son apathie et privé des nécessaires petits coups de pouce du destin. Ses errances, y compris sur le plan sentimental, ont conduit Christophe à un repli sur lui-même qui a fini par se muer en dépression.

A l’opposé, Vincent, jeune homme au tempérament volontaire, s’est rapidement bardé d’une ambition infrangible. Travailleur assidu à l’école, il s’est juré de trouver coûte que coûte le chemin de la réussite professionnelle. Sans lambiner en cours de route, il s’est engagé dans un cursus en sciences économiques dans une des plus grandes écoles de commerce de la capitale. Sa licence en poche, il a fait ses bagages pour Allston, aux Etats-Unis, afin de parfaire sa formation au Collège privé d’Harvard. Au sein du campus de la Business School la plus prestigieuse du monde, situé près de la Charles River, Vincent a affiné sa spécialité en termes de management et de placements boursiers. Déjà parfait bilingue français-anglais, il a ensuite entrepris un programme intensif à l’Université Jiao Tong de Shangaï pour apprendre le chinois. Devenu un maître des affaires redoutable et redouté, il s’est installé à son propre compte comme consultant financier. Sa débrouillardise lui avait déjà permis de trouver lui-même une grande partie des ressources nécessaires au financement de ses études.

Aujourd’hui, il donne des avis à des entreprises comme il conseille des hommes fortunés dans leurs investissements, et sa réputation dans le milieu a acquis un statut largement international. Perpétuellement à la course, Vincent travaille sans relâche et semble ne pas avoir une minute à lui. Sa vie est un défilé de sprints incessants d’un jet privé à l’autre, de voyages entre New-York, Bangkok, Londres et Melbourne pour conclure des affaires dont les enjeux donnent le tournis, de journées entières à donner des ordres de vente ou d’achat en bourse par GSM, et de nuits devant son ordinateur portable à calculer des seuils de rentabilité. Il amasse, par ses activités, un argent qu’il n’a même pas le temps de dépenser, et baigne dans un surmenage constant. Il a bien tenté, une fois, de faire un break et de décompresser lors d’une cure de thalassothérapie sur la Côte d’Azur, mais dès son premier bain à remous, il a rencontré sur place un banquier saoudien en transit qui faisait figure de client potentiel ; il est reparti avec ce dernier après seulement deux heures passées dans le centre de délassement…

Requin du business, Vincent a fini par mettre de côté l’aspect purement humain de son existence. Aux antipodes de l’apathie de son frère, il a même pris de manière radicale ses distances avec lui, ne supportant plus ses tendances dépressives et sa façon de se laisser aller. Les jumeaux, qui en sont venus à des mots parfois très durs, sont ainsi brouillés depuis des années. Pour des raisons très pragmatiques, Vincent n’entretient plus beaucoup de contact non plus avec ses parents, ni avec le reste de sa famille en général.

Vincent Therssen, pourtant, n’a rien d’un monstre insensible. Par bien des côtés, son impitoyable ascension ressemble à une fuite en avant qui le protège de ses propres émotions. Il est intelligent, et dans ses trop rares moments de calme, il peut se dévoiler comme quelqu’un de souriant et de compréhensif.

Lorsqu’il était encore en contact avec son frère, il a fait, en même temps que lui, la connaissance de Valentine Lonsart et de son groupe d’amis, avec qui il s’est également lié d’une certaine sympathie. Par la force des choses, il n’est plus maintenant en rapport avec eux que de façon extrêmement épisodique. Mais Valentine et les autres ont toujours eu la finesse d’esprit de ne juger ni l’un ni l’autre des deux frères, encore moins les raisons de leurs différends. Ils ont donc toujours considéré Vincent comme l’un des leurs également, et ont souvent été à l’initiative de subtiles tentatives de rapprochement entre eux.

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